Safari au Malawi  : la réserve de Majete

La réserve de Majete est sans doute la plus belle réussite des programmes de protection de la nature en Afrique. Créée en 1955, littéralement vidée de ses animaux par le braconnage dans les années 80-90, reprise en main par l’association African Parks en 2003, le parc est désormais labelisé « Big Five », un véritable exploit réalisé en à peine vingt ans. La réserve de Majete est située dans le sud du Malawi, près de la ville de Blantyre, deuxième plus grande ville du pays. Fondée en 18762, Blantyre tient son nom de la ville éponyme écossaise où naquit l’explorateur David Livingstone qui découvrit la région dans les années 1850. D’une superficie de 700 km², la réserve de Majete protège une région accidentée formée par la Grande Vallée du Rift, la rivière Shire, en provenance du lac Malawi, et  de hautes collines de granit.

La réserve est essentiellement couverte d’une savane arborée (miombo) et de zones humides favorables à l’épanouissement d’une faune abondante. Malheureusement, dès son classement en réserve naturelle, Majete est la proie des braconniers. Le dernier rhinocéros est tué dans les années 1970 et le dernier éléphant en 1992  ! Antilopes, zèbres, gazelles et buffles sont tués pour assurer la demande de viande de brousse. La forêt est elle aussi mise à mal avec la fabrication du charbon de bois. La spirale ne fait que s’aggraver. Avec le manque d’animaux, les touristes ne viennent plus, les rangers ne sont plus payés et les villageois utilisent la réserve, que plus personne ne garde, comme une source de nourriture.

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Tout change en 2003 lorsque l’association African Parks reprend la gestion de la réserve de Majete, en accord avec le gouvernement malawite.  Ses premières actions ont été de former de nouveaux rangers, de nettoyer le parc de tous les pièges posés par les braconniers, d’y interdire l’exploitation du bois et de clôturer plus d’un tiers de sa superficie.  Commence alors un incroyable travail de réintroduction d’animaux. En 15 ans, plus de 2 000 animaux ont été réintroduits pour un coût estimé de 3 millions de dollars (rhinocéros noirs, éléphants, lions, léopards, antilopes, impalas, buffles…). En 2018, quatre nouveaux lions (deux mâles et deux femelles) ont été transférés vers la réserve depuis l’Afrique du Sud afin d’accroître la diversité génétique de la population. La population d’éléphants a tellement progressé qu’African Parks en a délocalisé plus de 150 vers la réserve de Nkhotokota.  Aujourd’hui, Majete est en plein essor. La spirale s‘est inversée. Avec le retour des animaux et la qualification « Big Five », les visiteurs reviennent (9 000 en 2018 contre 300 en 2006) qui ont apporté une manne de plus de 500 000 dollars. Le groupe Robin Pope Safaris y a installé en 2013 le Mkulumadzi lodge, une structure haut de gamme de huit chalets le long de la rivière Shire. L’argent du tourisme a permis de consolider le réseau des pistes traversant le parc (plus de 300 km), d’embaucher plus de rangers dont le nombre est passé de 12 à 140 pouvant assurer des patrouilles 24 heures sur 24. Depuis leur réintroduction, aucun rhinocéros ni aucun éléphant n’a été braconné. Un lodge éco-responsable a été créé (Thawale) ainsi qu’un centre d’éducation et qu’un camping, tous gérés par les habitants des villages alentours.

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L’argent a aussi servi à construire des écoles, des cliniques ainsi qu’un centre de recherche et de prévention du paludisme. L’objectif d’African Parks est d améliorer la qualité de vie des communautés en périphérie de la réserve afin de faire comprendre aux habitants que les animaux vivants rapportent plus que les animaux morts. Le parc de Majete compte désormais 15 000 animaux et est désormais labellisée « Big Five ». La variété des espèces y est incroyable : rhinocéros noir, léopard, lion, éléphant, buffle, éland, koudou, zibeline, bubale du Lichtenstein, zèbre des plaines, phacochère, crocodile, hippopotame… Sans oublier les oiseaux, tout aussi nombreux. Parmi les espèces emblématiques du parc, citons  l’aigle bateleur, le hibou pêcheur de Pel, le faucon et le guêpier de Böhm. L’association African Parks gère également, au Malawi, les parcs de Liwonde et de Khotokota.safari au malawi